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Les internés venant d'Espagne

1- Avant la déclaration de guerre (du 1er mai au 1er septembre 1939)

C'est la période pendant laquelle le camp est exploité au maximum de ses possibilités. Plus jamais, par la suite, on ne retrouvera de tels effectifs. Dès le 23 avril, c'est-à -dire moins de trois semaines après l'arri­vée des premiers contingents de Basques, les onze îlots en service (les deux derniers, L et M,sont encore en construction) regroupent déjà 15 023 personnes. Le 10 mai, le commandant du camp fait savoir au général commandant la 18e région (Bordeaux) qu' "il n'y a plus, pour l'instant, de places disponibles".

En effet, le camp est bondé (18 985 hommes), chaque baraque abrite soixante réfugiés et les infirmeries d'îlots sont pleines. Le chiffre maximum fixé par le général Ménard est, à quelques unités près, atteint. II a suffi d'un mois pour que la troisième agglomération du département surgisse sur la lande de Gurs.

C'est en mai que les effectifs internés atteignent leur apogée. Fin juin, avec les rapatriements et les placements dans l'agriculture, ils retombent à 16 729. Ils remontent légèrement début juillet (17 617 hommes, le 12 juillet) après un nouveau transfert en provenance de Saint-Cyprien et du Barcarès, et décroissent de façon régulière ensuite.
Au moment de la déclaration de guerre, près de 15 000 hom­mes sont encore internés, au grand dam de certains Béarnais qui comprennent mal qu'un pays en guerre s'embarrasse de réfugiés.

 

Camp de Gurs | Les Internés venant d'espagne | Gurs (64)

2- Pendant la "drôle de guerre" (septembre 1939- avril 1940)

En neuf mois, la population internée est réduite de 6 à 1. Elle atteint, à la fin du printemps, c'est-à -dire un an environ après la créa­tion du camp, son niveau le plus bas pour plusieurs années : 2 470 Gursiens le 1er mai 1940 et 2 293 le 18 mai. Vers cette époque, il est même question de "suppression du camp".
La baisse, pourtant, n'est pas identique selon les catégories d'internés.


Les Espagnols (Basques, "aviateurs" et "tout-venants") passent de 9 448 le premier septembre 1939 à 92 le premier mai 1940, soit une diminution de 100 à 1. Depuis février, ils sont réunis dans le même îlot, sans aucune distinction d'origine, et ne jouent plus qu'un rôle annexe.


Les "Internationaux" , en revanche, connaissent une évolution différente. En neuf mois, leurs effectifs diminuent seulement de moitié et leur poids ne cesse d'augmenter au sein de la population du camp : 30,2 % le 1er septembre 1939, 42,9 % le 1er novem­bre, 54,5 % le 1er décembre, 80,8 % le 1er mars 1940 et 82,1 % le 1er mai. A cette date, Gurs est devenu un camp presque exclusivement "international".


La chute du nombre des internés pourrait laisser penser que le camp n'a connu alors que des départs. Il n'en est rien. Chaque jour arrivent de nouveaux réfugiés, ce qui fait écrire à l'éditorialiste de L'Echo d'Oloron du 15 mars 1940 cette sinistre saillie : "II en part, mais il en rentre encore. Si bien qu'à Gurs, il en est comme chez Eléonore : quand y'en a plus, y'en a encore."

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Au moment où débute la vraie guerre, le 10 mai 1940, seuls les volontaires de Brigades internationales sont encore internés au camp. Encore faut-il remarquer que leur nombre n'atteint même pas la moitié de celui de l'année précédente.
Pendant la seconde quinzaine du mois de mai, les internationaux de Gurs sont systématiquement transférés, par groupes successifs, dans le camp répressif du Vernet (Ariège).

 

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