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Nature des 15 327 départs pendant la drôle de guerre
Les départs des internés espagnols sont différents de ceux des "internationaux".
Nature des départs massifs des Espagnols :
L'essentiel des départs de Gurs (9 375, soit les deux tiers environ), est constitué par les incorporations dans les compagnies de travail.
Les internés espagnols savent, en effet, surtout après l'amnistie partielle prononcée par Franco le 4 octobre 1939, qu'aucune mesure de clémence ne les attend en cas de rapatriement. C'est pourquoi, plutôt que de demeurer encore dans les misérables baraques du camp, ils inclinent à mettre leurs bras au service de la Défense nationale.
Constituées à partir du 17 octobre 1939, les compagnies de travailleurs prestataires (C.T.E.) sont composées de 250 hommes et étroitement surveillées par les services de gendarmerie de la commune dont elles dépendent. Les hommes sont assignés à résidence sur le territoire de cette commune. Pour l'administration française, le bénéfice est double : non seulement les réfugiés sont rentabilisés, mais ils sont presque aussi étroitement surveillés que dans le camp lui-même.
Les Espagnols de Gurs sont ainsi envoyés :
1- soit dans les arsenaux et les poudreries qui travaillent directement pour la défense nationale : Tarbes (Hautes-Pyrénées), Labouheyre (Landes), Plaisance (Gers), Saint-Médard-en-Jalles, Captieux (Gironde), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Feurs (Loire), Bourges (Cher), Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), Cloyes (Eure-et-Loire), Ormoy-Villers (Oise), etc…
2- soit dans les centrales hydro-électriques, non pour les faire fonctionner, mais pour les construire : Fabrèges, Buzy (Basses-Pyrénées), Pragnères (Hautes-Pyrénées), Annecy (Haute-Savoie).
3- soit dans le centre régional de Toulouse d'où elles partaient ensuite vers le front pour assurer l'entretien des ouvrages fortifiés de la ligne Maginot.
Les autres départs, le tiers environ, correspondent à :
- des rapatriements (2 667 au total), pendant les premières semaines de la guerre, ce qui témoigne surtout de la mauvaise conscience des réfugiés espagnols à demeurer dans les camps français, aux frais de leur pays d'accueil, alors que les hostilités viennent d'être ouvertes. Les rapatriés savaient bien, pourtant, qu'ils seraient immédiatement conduits en prison une fois la frontière franchie.
- des engagements dans les bataillons de marche de la Légion étrangère (1 410 en huit mois). Le faible écho rencontré par ce choix s'explique surtout parce que les Espagnols ne comprennent pas pourquoi il leur est proposé, au lieu de la Légion elle-même, des formations parallèles, dont le siège se situe en Afrique du Nord, loin des véritables lieux de combat, et qui ne présentent pas les mêmes avantages (naturalisation à l'issue du service, solde intéressante, amnistie).
- 400 transferts environ vers d'autres camps en vue de regroupements familiaux.
- 162 libérations pour lesquelles l'action du S.E.R.E. (Servicio de Evacuation de Republicanos Espagnoles) et du J.A.R.E. (Junta de Auxilio a los Republicanos Espanoles) s'est révélée déterminante.
-7 décès (Vinancio Arana Imaz, Antonio Camacho Ochoa, Frederico Gomez Santamaria, Rafael Lopez Dominguez, Jose Martinez Morcida, Julian Perez Perez et F. Villaray Suarez).
Les départs réduits des "internationaux"
Sur les 4 530 "internationaux" présents au camp le 1er septembre 1939, seulement 2 501 ont accepté un départ volontaire. À une époque où le nombre les internés espagnols a été divisé par cent, le leur n'a baissé que de moitié, approximativement.
Leur envoi dans des compagnies de travailleurs prestataires connaît un succès mitigé : 1 500 incorporations environ. Il est vrai que les services français se méfient de ces hommes réputés dangereux, presque tous communistes, et ne leur proposent l'incorporation dans les compagnies de travail que lorsque le besoin de main d'œuvre devient indispensable, au printemps 1940.
Rares sont les "internationaux" qui acceptent l'engagement dans les bataillons de marche de la Légion, pour les mêmes raisons que celles qui ont été exposées ci-dessus.
Trois décès sont enregistrés, ceux de Josef Appel, Siegmund Grost et Giovanni Tua Garigliano.
Il est certain que les refus massifs des propositions de sortie faites par les services du camp s'expliquent surtout par des raisons idéologiques, soit que les "internationaux" veuillent être traités à l'égal des combattants français, soit qu'ils rechignent à des travaux à caractère civil dans les CTE, soit qu'ils n'acceptent pas d'être envoyés en Algérie "au service de la colonisation".
L'étude de la nature des départs de Gurs à l'époque de "la drôle de guerre" témoigne de la confusion qui règne alors, à la fois dans les administrations et dans les esprits. Les services français comme les internés eux-mêmes hésitent dans leurs décisions et ne choisissent, la plupart du temps, qu'en s'efforçant d'éviter le pire.
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