Avril 1939 : Gurs, la 3ème ville du département
Les 6, 7 et 8 avril, de nouveaux convois déversent dans les trois premiers îlots, proches de l'entrée principale, leur flot de réfugiés basques :
- 975 internements le 6 avril (îlot A)
- 920 internements le 7 avril (îlot B)
- 850 internements le 8 avril (îlot C)
- 927 internements le 13 avril (îlots A, B et C)
En une semaine, 4 662 réfugiés basques ont été internés. Le camp lui-même, le 8 avril, est loin d'être terminé. La route centrale n'est bitumée que sur 200 mètres ; le réservoir principal, ravitaillant en eau le "centre d'accueil", ne comporte qu'un seul élément, branché en toute hâte le 4 avril ; les "égouts" ne sont qu'esquissés; seuls les barbelés sont bien en place.
Un flot continu de nouveaux internés
Au milieu du mois d'avril 1939, c'est un véritable flot qui se déverse sur Gurs :
- 437 internés basques le 19 avril (îlot D)
- 1 396 "aviateurs" le 19 avril (îlots H et K)
- 1 901 "aviateurs" le 20 avril (îlots K et I)
- 617 volontaires des brigades internationales le 20 avril (îlot G)
- 2 350 volontaires des brigades internationales le 21 avril (îlots G et H)
- 2 591 volontaires des brigades internationales le 22 avril (îlots E et J)
- 1 079 Espagnols le 23 avril (îlot F)
En trois semaines, 14 823 hommes ont été conduits dans les baraques du camp.
Aux côtés des Basques se trouvent désormais les "aviateurs", c'est-à -dire les républicains espagnols qui avaient combattu dans l'armée de l'air, les volontaires des Brigades internationales et les "Espagnols", c'est-à-dire tous les réfugiés républicains n'appartenant pas aux trois premiers groupes.
Ils s'installent peu à peu dans les îlots, au fur et à mesure de leur mise en service.
La troisième agglomération du département
Le 10 mai, le camp est entièrement occupé : 18 985 hommes y sont "hébergés", selon le terme utilisé par l'administration du camp. Le commandant du camp fait savoir au général commandant la 18e région (Bordeaux) qu' "il n'y a plus, pour l'instant, de places disponibles". En effet, le camp est bondé, chaque baraque abrite soixante réfugiés et les infirmeries d'îlots sont pleines.
Ainsi, au milieu du mois de mai, le chiffre maximum d'internés fixé pour Gurs par le général Ménard est, à quelques unités près, atteint.
II a suffi d'un mois pour que la troisième "agglomération" du département surgisse sur la lande de Gurs. La troisième, derrière Pau et Bayonne, mais loin devant Biarritz, Oloron et Orthez.
Les observateurs, les journalistes en particulier, dont certains avaient multiplié les critiques au cours des jours précédents à l'encontre des "guérilleros rouges", ne peuvent s'empêcher de remarquer que les réfugiés gursiens "sont en état de déficience mentale" et qu' "ils ont besoin de repos" (L'Indépendant des Basses-Pyrénées, 6 avril 1939). Par ailleurs, force est de constater que "les prisonniers sont calmes ; leur seule distraction consiste dans les allées et venues de curieux qui sillonnent la route" (L'Echo d'Oloron, 14 avril 1939).
Bref, les journaux locaux relatant les premières arrivées de réfugiés semblent découvrir qu'il ne s'agit pas des hordes de pillards si souvent décrites auparavant, mais simplement d'hommes épuisés et démoralisés.
Très vite, il est vrai, la presse béarnaise reviendra à ses premières analyses et ne ménagera pas les "miliciens espagnols".
Remarques
Le terme d' "agglomération" ne convient pas lorsqu'on parle de Gurs. Il ne s'agit pas de cela, puisque la plupart des structures urbaines caractérisant ce mot n'existent pas à Gurs : ni sur le plan social, ni sur le plan économique, ni sur le plan culturel. Sur le seul plan statistique cependant, il s'agit bien de la troisième concentration urbaine des Basses-Pyrénées.
De même, le terme de "centre d'hébergement" ne convient pas. Si les conditions d'internement y sont nettement améliorées en comparaison avec celles d'Argelès, il convient de préciser qu'il ne s'agit nullement d'un "hébergement", comme il est indiqué dans tous les rapports administratifs. Ce mot évoque une qualité d'accueil et d'infrastructures qui n'ont jamais existé à Gurs. Les réalités sont celles d'un internement, très comparables à celles qui sont faites à des prisonniers de guerre.
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