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Après la déclaration de guerre , un camp en sursis, vivant au ralenti
Le 1er septembre, l'Allemagne déclenche la guerre européenne en envahissant la Pologne.Le 3, la France et la Grande-Bretagne lui déclarent la guerre.
La situation des camps d'internement français s'en trouve bouleversée.
Un contexte national totalement modifié
L'invasion de la Pologne par l'Allemagne et par l'URSS conduit le gouvernement français, d'une part, à entrer en guerre contre l'Allemagne, de l'autre, à interdire toutes les organisations liées au Komintern.
En ce qui concerne les Allemands, la situation des réfugiés vivant sur le sol français devient problématique. Le ministère de la Défense Nationale considère qu'ils représentent un danger potentiel et exige du ministère de l'Intérieur qu'il en assure la surveillance. Il n'est pas encore question des les interner administrativement dans des camps, mais il convient de les contrôler (loi du 18 novembre 1939). Ce changement de politique reste néanmoins limité car chacun sait bien que, dans les faits, ces réfugiés allemands sont presque tous soit des juifs qui avaient fui les persécutions antisémites des nazis, soit des opposants à Hitler. Des internements sont prononcés, mais leur nombre demeure réduit, jusqu'en mai 1940, tant que la vraie guerre n'a pas commencé. Il n'en reste pas moins qu'ils sont globalement considérés par l'opinion publique comme des suspects, dont il convient de se méfier.
Les organisations liées au Komintern sont celles qui se situent dans la mouvance communiste. Elles sont peu à peu interdites au nom de la "lutte contre l'ennemi intérieur". Les publications sont immédiatement saisies et, dès le 26 septembre, un décret décide la dissolution des organisations communistes. Le 18 novembre, le gouvernement promulgue le fameux "décret Daladier" qui permet d'arrêter tout suspect et de le conduire dans un centre de séjour surveillé (CSS). La répression s'abat immédiatement sur les militants communistes, internés préventivement dans les prisons parisiennes.
Quant aux républicains espagnols, leur présence sur le sol français devient une aubaine. Ne convient-il pas d'utiliser leur force de travail, en particulier au profit de la Défense nationale, puisque nombre de ressortissants français sont désormais mobilisés, loin de leur lieu de travail ? Dès le 20 septembre, le Journal officiel annonce la suspension de la loi de 1932 sur la protection de la main d'œuvre nationale et le 17 octobre, le gouvernement crée les Compagnies de travailleurs étrangers (CTE). La plupart des réfugiés républicains espagnols encore enfermés dans les camps y seront incorporés au cours des semaines suivantes. Ils seront envoyés sur les grands chantiers de la ligne Maginot ou de la côte atlantique.
Que faire du camp de Gurs ?
Tout semble indiquer la dissolution prochaine du camp. C'était d'ailleurs le scenario prévu par ses constructeurs, pour lesquels il était hors de doute que le camp serait fermé, une fois réglée la question des réfugiés républicains espagnols.
Pendant l'automne et l'hiver, le camp se vide peu à peu. Les effectifs tombent à 6 220 internés le 1er janvier 1940 et 2 470 le 1er mai. A cette date, seuls les interbrigadistes restent encore nombreux au camp, mais il est clair que la liquidation est proche, "faute de combattants". Les services préfectoraux l'évoquent à plusieurs reprises. A l'évidence, le camp est en sursis et sa fin est proche.
En un an, les installations se sont beaucoup dégradées. Certains îlots sont totalement ou partiellement abandonnés par les internés (A, D, F, H et M) ; ils sont peu à peu envahis par d'immenses friches herbeuses où commencent à pulluler les rats et la vermine. Les baraques sont désormais noires d'humidité; poutres et chevrons sont en mauvais état, parfois totalement absentes, le carton bitumé des toitures est fréquemment déchiré, d'immenses flaques d'eau stagnent ça et là , en permanence, les voies de circulations sont défoncées. La compagnie de travail chargée de l'entretien du camp s'efforce de maintenir en état une dizaine d'îlots, au cas où de nouveaux réfugiés, voire des prisonniers de guerre, y seraient conduits, mais personne n'envisage sérieusement que cette pitoyable ville de bois puisse encore être utilisée quelques années de plus.
Mais surtout, le camp fonctionne au ralenti. Presque toutes les activités qui avaient caractérisé l'été 1939 ont disparu. Les monuments de glaise sont en ruines, la vie culturelle est réduite à quelques réunions discrètes, les activités artistiques végètent. Seul l'artisanat et les cours de formation politique demeurent encore vivants, mais le cœur n'y est plus. Comment s'investir dans la vie du camp lorsqu'on ne sait pas si l'on y sera encore demain ? Il faut avoir l'énergie et la rigueur des volontaires internationaux pour maintenir encore la discipline et quelques unes des activités des mois précédents.
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