Les batiments administratifs et les baraques de garde
Ils sont, pour l'essentiel, concentrés au sud du camp, dans le "quartier" administratif.
L'administration
Les bâtiments administratifs sont groupés à l'entrée nord du camp, dans le "premier quartier", de part et d'autre de la route principale. Ils rassemblent l'intendance, les garages et les baraques administratives.
L'intendance du camp dispose d'une dizaine de baraques ou hangars, protégés par une double ligne de barbelés.
Dans les premières logent le gestionnaire et son équipe, et sont groupés les bureaux.
Les secondes, "les subsistances", à côté de l'hôpital, sont affectées au stockage et à la conservation des denrées ; bien qu'il s'agisse de baraques "droites", stables et solides, elles n'ont jamais correctement rempli leur fonction.
Deux solutions étaient envisageables pour la conservation des denrées : soit la construction d'une chambre froide, comme au Vernet, à Rivesaltes ou au Récébédou, soit le maintien à basse température des produits à préserver par un système de pains de glace périodiquement renouvelés. C'est la seconde, la moins efficace, qui est adoptée à Gurs pour des raisons évidentes d'économie. Par la suite, l'aménagement d'une pièce froide fut plusieurs fois envisagé, mais les projets ne furent jamais réalisés.
Ainsi, à aucun moment de l'histoire du camp, les denrées périssables n'ont pu être stockées dans des conditions permettant de garantir leur consommation. Les critiques formulées périodiquement par les internés sur la qualité des produits fournis sont donc, de ce seul point de vue, tout à fait fondées. Même l'inspecteur général des camps, le préfet Jean-Faure, note en 1942 qu'il n'existe pas à Gurs de baraque permettant d' "éviter que les légumes, dont les stocks sont parfois importants eu égard au nombre d'internés, ne demeurent à l'air libre et ne soient rapidement endommagés."
Deux grands hangars couverts de tôles ondulées, appelés hangars Bessonneaux, sont construits à l'entrée du camp. Ils servent de garages et d'ateliers de réparation aux véhicules automobiles. C'est là que seront regroupés, en 1942 et 1943, les Gursiens envoyés en déportation.
Plusieurs baraques "droites", plus loin, sont groupées à l'ouest de l'allée centrale. Elles servent au secrétariat général, aux services du personnel, à ceux des des effectifs, aux PTT, à la censure, aux Ponts et chaussées, au greffe et, près de l'îlot B, au parloir. C'est également de ce côté qu'est installé le service de lutte contre l'incendie, branché sur le réservoir d'équilibre.
Le "terrain de sports" est situé à l'extérieur des îlots, mais à l'intérieur de la clôture de barbelés, au sud des îlots D et F. C'est une aire plane qui a été débroussaillée, nivelée et dessouchée par les premiers Gursiens. Il n'a pas d'autre pelouse que sa végétation naturelle de la lande. Il est impraticable après chaque averse. Pendant l été 1939 ; il est équipé de poteaux de but et des rencontres de football entre équipes d'internés y ont lieu. C'est là que sont organisés, le 14 juillet 1939, les cérémonies et les défilés commémorant le 150ème anniversaire de la prise de la Bastille. C'est là que sera aménagé, à l'époque de Vichy, le "jardin potager" du camp. Mais la terminologie de doit pas faire illusion. Cet espace d'un hectare environ n'est pas plus terrain de sport que jardin potager : c'est un terrain plat et c'est tout.
L'îlot de représailles est situé à l'autre extrémité de l'allée centrale, en face de l'îlot M. C'est une simple baraque, ouverte sur un côté, est dressée au centre d'un réseau de barbelés particulièrement dense. L'isolement y est complet et le confort réduit à deux couvertures. Etre envoyé pour une ou deux semaines dans ce que les Espagnols surnomment "l'hippodrome" ou le "quadrilatère" constitue une épreuve redoutée. Pourtant l'îlot est occupé en permanence. En mars 1941, une internée d'origine allemande, exaspérée, met le feu à l'abri précaire. L'îlot de répression est transféré dans le premier quartier, en face de l'hôpital. En 1945, "les représailles'' déménagent à nouveau : elles sont tranférées à l'îlot E, en face des quelques îlots encore occupés par les détenus.
Ainsi, il a toujours existé à Gurs un "mitard" (et même deux, en 1940, les "politiques" ayant le leur, distinct du "quadrilatère"). Y sont envoyés les "fortes têtes", les évadés malchanceux et ceux qui ne respectent pas le règlement intérieur. Le motif d'internement le plus fréquent est "la dégradation du matériel de l'Etat" (découpage des couvertures, détérioration de la clôture, vol de bois, de pointes ou de médicaments…).
Les baraques de garde
En 1939, elles sont bâties aux quatre coins du camp et rassemblées dans les premier, deuxième, troisième et quatrième quartiers. Ce sont des baraques droites, plus solides, mieux isolées, mieux couvertes, plus spacieuses et plus claires que les baraques d'internés. Elles servent d'appartements aux officiers et aux appelés affectées à Gurs. Elles sont équipées en électricité, mais ne bénéficient, à l'origine, ni de l'eau courante, ni du chauffage. Elles sont sommairement meublées des châlits, bancs et tables.
Au printemps 1941, ces baraques, que deux hivers rigoureux ont beaucoup détériorées, se révèlent trop délabrées. Les gardiens s'en plaignent amèrement, d'autant que la plupart d'entre eux, mariés et pères de famille, ne peuvent y faire venir ni leurs femmes ni leurs enfants. C'est pourquoi est construit, en 1942, un cinquième quartier, de l'autre côté de la route de Mauléon, dans lequel seront désormais rassemblés tous les gardiens, les "vieilles" baraques n'étant plus désormais utilisées que pour les besoins du service. Ce nouveau quartier des gardiens, ouvert aux familles, offre aux intéressés un confort insoupçonné jusqu'alors : baraques vastes et claires, montées sur pilots, avec chambres, salon et cuisine aménagés.
Il faut surtout en retenir que les installations des gardiens, celles-là même qui, en 1939, étaient reconnues comme les meilleures du camp, ont été désaffectées plusieurs années avant les baraques d'internés, en raison de leur mauvais état. Ce détail révèle, par comparaison, le délabrement des abris des internés. A partir de 1942, le terme de ruine n'est pas trop fort pour désigner les baraques gursiennes.
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