Les barbelés de Gurs

C'est l'horizon immédiat des internés. Une double rangée de barbelés cerne le camp.

La première, haute d'un mètre et demi environ, large de deux mètres (sauf du côté de l'allée centrale, où la largeur est très réduite), ceinture entièrement l'îlot. Par beau temps, les réfugiés y font sécher leur linge, que le vent déchire sur les pointes de fils de fer. Le réseau est seulement percé d'une porte donnant sur la route centrale du camp ; au-dessus de l'entrée est accroché un panneau de bois, sur lequel est peinte la lettre alphabétique utilisée pour dénommer l'îlot.

La deuxième fait le tour du "centre d'accueil" et l'isole totalement de l'extérieur.

L'espace compris entre les deux enceintes correspond au chemin de ronde des sentinelles et des patrouilles. Des guérites y ont été installées en 1939, qui ont ensuite disparu.
Les clôtures du camp n'ont jamais été électrifiées. Elles n'ont jamais été équipées de miradors.

Cette double clôture de barbelés ferme assez efficacement le camp et oblige les internés à vivre, parfois pendant plusieurs mois, avec le même horizon fermé et la lancinante impression d'un ghetto absolu.

Cet inconvénient majeur fait l'objet de fréquentes critiques puisque les familles et les couples sont séparés, les hommes étant enfermés dans les îlots d'hommes et les femmes et les enfants dans des îlots de femmes. Il est partiellement levé par le chef de camp à certaines périodes : pendant l'été 1939 ou à partir de 1941. Les internés ont alors accès à l'allée centrale, à heures fixes, peuvent retrouver parents ou amis logés dans un autre îlot.

Les barbelés de Gurs n'ont jamais protégé le camp des évasions. Il suffit, pour s'évader, d'attendre la nuit et de se glisser sous la double clôture. Le véritable problème réside plutôt dans l'endroit où l'évadé de Gurs pourra se cacher et échapper à la gendarmerie. En règle générale, les évasions se soldent par des échecs, à moins que les intéressés ne soient pris en charge par un réseau spécialisé.