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Au moment de la libération, un camp impossible à gérer

Après le débarquement en Normandie, et surtout pendant les mois de juillet et août 1944, une grave crise secoue le personnel de Gurs. Déjà , au cours de l'attaque du 25 septembre 1943, il avait fait preuve d'une inquiétante passivité : il n'avait pas bougé, rien su, rien vu, rien entendu. Dès lors que la situation devient favorable aux Alliés, le personnel français manifeste une inertie plus grande encore.

Camp de Gurs | Au moment de la libération, un camp impossible à  gérer | Gurs (64)

Attentisme des gardiens (juin et juillet 1944)

Le 14 juin, le chef de camp note que "l'état d'esprit du personnel de surveillance a beau­coup évolué. La grande majorité semble de moins en moins disposée à se compromettre, aux heures décisives actuelles".

Le 27 juin, lorsque des troupes allemandes, revenant d'une expédition contre le maquis de Mauléon, près de L'Hôpital-St-Blaise, traversent le camp par l'allée centrale, c'est la panique. Le rapport du chef de camp au préfet indique : "Craignant un sort analogue à celui qui a été réservé au personnel du camp du Vernet, la plupart des gradés et des gardiens ont quitté leurs fonctions". Pratiquement tous partent se cacher dans les bois environnants. Il est vrai que quelques jours auparavant, au Vernet (Ariège), des troupes allemandes étaient entrées dans le camp afin de prendre possession des installations, avaient déporté tous les internés et, une fois le camp vidé, interné dans les baraques le personnel et les gardiens français. A Gurs, ce 27 juin, les troupes allemandes se contentent de traverser le camp, sans se livrer à aucune action particulière.
Ainsi, les gardiens du camp, au moment où chacun comprend que les jours du régime de Vichy sont comptés, se contentent d'attendre la suite des événements.

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La Résistance s'empare du camp (août 1944)

Le 11 août, la Résistance réédite le coup de main du 25 septembre 1943. Le chef de camp camp note dans son rapport :


"Un certain nombre de membres des FFI, armés de mortiers, de mitraillettes et de fusils, venus en camion et en voiture de tourisme, se sont présentés au camp, ils ont réquisitionné et emporté [suit une longue liste, où il est question de , voitures, uniformes, habits, ceinturons, ustensi­les de cuisine, vivres, médicaments et matériels divers]. Le chef de ce groupement a fait ensuite verser le traitement du mois d'août aux agents auxiliaires et aux gardiens qui se sont joints aux FFI, après avoir emporté leurs armes avec eux, et dont vous voudrez bien trouver la liste ci-après" [suit une liste de vingt-deux noms].

Ainsi, une bonne partie des gardiens du camp prend, de façon quasi officielle, le maquis. Il s'agit du groupe de résistants recruté parmi les gardiens et organisé autour du brigadier François Boutry. Peut-on en conclure qu'il s'agit de "résistants de la douzième heure" ? Pas dans tous les cas, semble-t-il.

Le 30 août, la plupart des "gardiens FFI" réintègrent le camp, amenant avec eux 310 prisonniers de guerre allemands, qu'ils internent dans les îlots F et H. Ils sont commandés par le François Boutry, devenu lieutenant. Ils réquisitionnent purement et simplement la moitié du camp qu'ils baptisent "camp militaire".

Gurs connaît alors, et pendant plusieurs mois, une situation des plus confuses : en droit, il est placé sous l'autorité du commis­saire à l'Intérieur ; en fait, il est toujours dirigé par le même chef de camp, qui ne commande plus qu'une poignée de gardiens, et qui doit partager son autorité avec le lieutenant Boutry, qui lui-même revendique la direction du camp tout entier.

L'imbroglio demeure jusqu'au 15 janvier 1945. Le conflit est alors réglé en faveur des "civils" du ministère de l'Intérieur. Mais il aura fallu près de six mois pour que le gouvernement impose son autorité sur le terrain, aux anciens maquis. Un délais qui en dit long sur la confusion administrative du moment.

 

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