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Un historien pour le camp : Claude Laharie
L'Amicale du camp de Gurs, née en 1980, se fait donc la voix de toutes les « victimes » de Gurs. Cette association de témoins portée par des hommes militants reçoit un soutien nécessaire à la mémoire : celui de l'histoire en la personne de Claude Laharie.
En 1973, les archives relatives au camp de Gurs sont versées par la sous-préfecture d'Oloron-Sainte-Marie aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques. Très vite, Claude Laharie, professeur agrégé d'histoire, débute une thèse de doctorat sur Gurs. Jusqu'alors, quelques ouvrages sur Gurs avaient été édités, comme celui d'Hanna Schramm et Barbara Vormeier, mais la plupart n'abordaient qu'un aspect de l'histoire du camp.
Pour réaliser son étude, Claude Laharie travaille à partir de sources d'archives, de presse et de témoignages écrits ou oraux. Il découvre des informations sur l'organisation du camp (sa création, ses installations, son administration…), sur les périodes successives des différents groupes d'internés, puis sur la réalité de leur vie. Cette étude suscite de nombreuses réactions. Elle arrive « 40 ans après, attendue, nécessaire mais peut-être dérangeante », comme le souligne un journaliste en 1985. Elle réveille en effet la mauvaise conscience de certains témoins locaux. Elle constitue pourtant, avant tout, une retranscription précise et scientifique des faits, saluée par les témoins directs, qui permet aussi aux enfants d'internés et aux générations suivantes d'accéder en partie à cette histoire indicible. La mémoire nourrit donc l'Histoire, mais l'Histoire a surtout servi la mémoire du camp en lui donnant une caution et en l'authentifiant.
Dès 1979, l'historien participe ainsi aux manifestations du 40ème anniversaire en donnant des conférences ; il entre dans l'Amicale en 1980 et en devient trésorier, puis secrétaire général. A partir de 1983, il rédige des articles sur l'histoire du camp de Gurs, publiés dans le bulletin de l'Amicale, et édite un résumé de sa thèse en 1985. Il est également à l'origine, en tant qu'historien et professeur, de la prise de contact de l'Amicale du camp de Gurs avec les scolaires. Aujourd'hui, ils sont de plus en plus nombreux à visiter et à travailler sur l'internement en Béarn.
Claude Laharie incarne toujours l'historien au sein de l'association et dans les divers projets qu'elle entreprend, s'investissant essentiellement dans le travail de mémoire.
Selon lui, la vérité scientifique de l'historien doit se mettre au service de quelque chose de plus important :
L'historien doit réaliser un travail d'humaniste et de défense des droits de l'Homme. La forme que prend ce travail pour un historien dans les années 1980, au moment où émergent les thèses négationnistes, est liée à une sorte d'engagement. C'est pourquoi le travail de mémoire me semble la conséquence naturelle d'un travail d'historien sur un sujet comme celui-là . Dans la démarche, la rigueur est essentielle mais au fond, l'objectif de l'historien et de l'humaniste est le même.
Claude Laharie
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Mémorial du Camp de Gurs
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