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La gestion des îlots et des baraques par les internés eux-mêmes

Après les plages du Roussillon, Gurs apparaît comme un autre monde, sinon plus humain, du moins plus facile à supporter. À Gurs, on dort dans les baraques, couvertes d'un vrai toit, sur un vrai plancher ; on peut se réunir dans les îlots ; il y a même des ''infirmeries', à l'intérieur desquelles on ne trouve aucun matériel médical ou presque, mais au moins ont-elles le mérite d'exister ; l'eau coule aux "lavabos", lentement il est vrai, et à heures fixes, mais on peut au moins se laver et nettoyer ses effets. Les tinettes sont répugnantes, mais c'est toujours mieux que le sable.

Bref, les réfugiés cons­tatent, dès leur arrivée, que le camp béarnais fournit, à la différence des précédents, l'essentiel de ce dont on peut avoir besoin pour sur­vivre : un toit, de l'eau, des possibilités d'hygiène, une organisation sociale, l'espoir de voir enfin sa situation s'améliorer.


Reste à organiser la société gursienne.

Camp de Gurs | La gestion des îlots et des baraques par les internés eux-mêmes | Gurs (64)Chefs de camp, chefs d'îlots et chefs de baraques

Le camp étant composé de quatre sous-camps (le camp des Basques, celui des "aviateurs", celui des "internationaux" et celui des "autres Espagnols", quatre "chefs de camp" internés sont immédiatement élus, qui deviennent les interlocuteurs directs du commandant de camp. Ces "chefs de camps", élus par les chefs d'îlots ou bien, dans la section occupée par les "Internationaux", par les responsables de groupes, participent une fois par semaine à une réunion avec le commandant et les responsables français de l'encadrement. C'est l'occasion de faire remonter certains vœux des internés, de diffuser les instructions officielles, d'établir un début de discussion et de faire connaître les offres d'emploi faites par les industriels ou les agriculteurs du département.

Les chefs d'îlot sont élus par les chefs de baraque de leur îlot. Ils rencontrent régulièrement leur "chef de camp", diffusent les informations qui leur parviennent et sont chargés de la bonne marche des services d'îlot : ravitaillement, cuisines, entretien, infirmeries, courrier, etc...

Les chefs de baraque sont élus par leurs compagnons de chambrée et spécialement chargés des ques­tions administratives (appels, innombrables listes, par âges, par catégories socio-professionnelles, gestion du matériel de la baraque, etc...).
Ces responsables internés sont parfois choisis en fonction de leurs activités passées, mais pas toujours. "On ne faisait plus aucune différence entre les officiers et les autres. Nous habitions ensemble sous le même toit. Il n'y avait pas de baraque spéciale pour les gradés. Tous les res­ponsables de la baraque étaient directement élus par leurs compagnons de chambrée" (Eugeniusz Dworkin, Od Manzanares do Oki, p 18).

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Les services d'îlot

Ils jouent un rôle déterminant dans la vie de chacun des internés.

Les cuisiniers s'occupent de tout ce qui concerne l'alimentation : chaque matin, ils vont "toucher" les denrées de la journée, les préparent dans la "cuisine" de l'îlot, puis les partagent équitablement, au prorata des baraques.
Les infirmiers et les médecins, ou ceux qui en font office, ont la responsabilité non seulement de la baraque-infirmerie et des patients qui y sont soignés, mais aussi de l'état sanitaire de l'îlot tout entier.
Le vague­mestre est l'une des rares personnes à pouvoir franchir la clôture de barbelés pour aller chaque jour recevoir, au bureau de poste du camp, les lettres et les journaux destinés aux internés de son îlot.
Progressivement, d'autres responsables apparaissent, au gré des besoins et des initiatives : le "gestionnaire d'îlot", chargé de coordonner l'action des cuisiniers, le "cantinier", lorsqu'il est possible d'aménager un local dans lequel quelques menus produits sont mis en vente, le gérant de la "baraque de la culture", quand une chambrée entière peut être consacrée aux cours, aux conférences et aux réunions.

Tous sont choisis par leurs compagnons, ce qui confère à la gestion interne du camp une autonomie qui confine à la cogestion. Elle résulte à la fois d'un choix délibéré des services français et des nécessités imposées par les circonstan­ces. Les termes du choix sont simples : concéder aux internés quelques pouvoirs, à l'intérieur de certaines limites administratives pré­cises, ou bien imposer autoritairement certains hommes et risquer de n'être pas obéi, les Gursiens installant eux-mêmes leur propre réseau parallèle.

Ce système n'a rien de spécifique au camp de Gurs. Il existait déjà à Argelès et on le retrouve dans tous les autres camps de l'époque. Il sera d'ailleurs intégralement reproduit dans les camps allemands, camps de prisonniers ou camps de concentration.

 

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